« lart de la guerre » ma méchanè contexte révolutionnaire à définir ?
écrivent-ils / jai envie de leur répondre douvrir
les yeux / il nest pas à définir, il na de cesse
de se définir, dinvestir chaque image du politique ou de
la culture, dirriguer toute la contrée christo-capitaliste
du monde ou de surgir à travers les piques de la logique mercantile
posée comme sacerdoce ou encore les opérations chirurgicales
des gardiens et leur justification rhétorique forgée à
coup de dommages collatéraux / la tonalité révolutionnaire
a son contexte, lui manque son écriture / mais en sommes nous certain ?
/ lécriture est déjà là, que cela soit
dans la peinture, ou la sculpture, lart vidéo ou encore le
théâtre, la littérature et la poésie / à
qui ne sait plus regarder les traces dune époque, napparaît
plus les forces telluriques qui abreuvent les corps, les simples chemins
de la pensée / qui ne sait plus regarder, nest plus quun
épouvantail dans loraison de la mort des intensités,
signe de mauvais augure pour toutes les libres lancées qui se gravent
à même la chair du monde / toutefois ne pas se tromper, ne
pas se voiler la face : les planches de ce monde brûlent, nous
font atteindre un degré pathologique de nervosité encore
inconnu / le sol de notre terre est un parquet électrisé
et on nous fait jouer ou jouir au rythme des traits épidermiques
de notre allergie ou plaisir, la scène du guignol / se méfier
de tout accès révolutionnaire qui se déclare comme
tel unificateur / la révolution nest pas par essence systématique
ou anarchiste politiquement / tout est là, la révolution
a toujours déjà commencé, elle se transmet par une
tradition orale, gestuelle ou écrite et se marque à toute
époque / la révolution cest lart / repensons
avant de parler au nom de ces concepts quelle est leur saveur, quel est
leur organisme / rompons avec les préacquis / céleste la révolution se démarque
par lart je nul conditionnel / seulement limpératif présent
à commettre / la lutte se doit dêtre comprise pour
elle-même, acte de bonne santé, de rétablissement
après la longue convalescence dans la monotonie dune illusion
dexistence / elle est à comprendre pour elle-même selon
ses nouvelles conditions, conditions actuelles et non pas trépassées
/ dans ce contexte, écrire, écrire, voyager, rencontrer,
publier, tuer, tuer, navoir de cesse de tuer toute position, tout
arrêt des foudres de la vitesse / on me demande dés lors
ce que je suis prêt à commettre ? mais tout simplement
rien de plus que lexcès de ce que je commets / ce nest
pas par réaction que je magite, cest par vie !
/ lexistence est mon commettre et se justifie spontanément
en celui-ci / coup de dé, coup de dé, je suis lancé
et projectile qui sort de la gueule dacier dun canon / quel
futur pourrai je entrevoir ou poser que je ne suis pas déjà
en train daccomplir ? quelles illusions serai je prêt
à vous garantir ? / la tire de lembrasure de son théâtre sachez le : aucune, je ne suis aucunement assureur,
et le seul climat que je supporte est celui de lavis de tempête,
celui qui accueille les catastrophes naturelles / plus seulement une philosophie
à coup de marteau, mais une expérience à coup dUzzi,
par rafale, de salves abjectives, abrasantes et anales : de lart
de foutre la merde partout, de se faire entropie / mais êtes
vous prêt à tuer ? me demande-t-on incrédule
/ cest fait ! tous les jours je me fais assassin, jétrangle,
écrase, brûle, poignarde, emprisonne, emmure, éviscère,
trépane, vous, moi, les fonctionnaires dautorité,
les visages, les voitures, les piétons, ce couple là qui
sembrasse, cet autre en vidéosphère, les halètements
de cette chienne qui gémit en écho dun rythme deep-house,
les bestiaux, les poux, les racistes, les dictateurs, ce bébé
dans un landau car je devine déjà quil sera nihiliste,
les démocrates / je torture, découpe en morceaux, tronçonne,
saucissonne, tranche les gorges, déligamente, désosse tout
ce fatras de scories ubuesques des anodins personnages qui se jouent sur
ma scène, sur ma surface / je pends, déchire, tire des balles
dans la tête, la nuque, passe aux supplices du goutte à goutte
les innocents qui bêlent de leur belle laine le long des bordures
électrifiées des vitrines de saison, ensevelis jusquau
menton dans une terre de fourmis la gentille grand-mère que lon
jette dans son tombeau, trop pénible par ses souvenirs, je martèle
les crânes, leur retire la peau, mais aussi châtre tous les
hauts dignitaires neuronaux de lappareil dEtat, les survivants
nostalgiques du début du siècle ou dencore plus loin,
les révolutionnaires en culotte courte, les érudits de tout
poil qui nont quune pelure sur les os, les sourires speakers,
les blessures incicatrisées qui mouillent au moindre stimulus,
les phallus qui se dardent devant la moindre surface de transfert, les
troupeaux de mes pensées que je stigmatise comme les agglomérats
avortés de leur éducation / tuer, me demandez-vous, mais
mon existence na de justification que dans le meurtre / chaque texte
parle de la mort, chaque parole est le dernier souffle de ma chair qui
se promet comme le dernier moment avant ma résurrection / mourir
et faire mourir pour vivre = ce nest pas par réaction que
je suis machine de guerre / la réaction est dérivée,
laisse penser quil y aurait encore une part indemne / avant tout,
avant même moi, avant largutie et la prédication qui
viennent sengrosser dans ma chair et faire naître le rejeton
du noyau égocentrique, est la pulsion du pli qui me dessine, mincarne
comme moi / cette pulsion, nest pas lindemne, elle est souillée
/ devenir leur extrême, cest avoir ingurgité leur monde,
leurs outils, leurs armes / le ressentiment tient à la logique
du faible qui souhaite la force, qui saccroche à lespérance,
et appelle de tous ses voeux la vengeance / ici nullement cette stratégie
de guerre généralisée souvre comme cri dexistence,
du nouveau né qui narrête pas de sortir de lhystérique
trou noir de la terre / la guerre que je me fais est celle quils
ont laissé glissé en moi, en ce creux qui tiraille entre
chaque os |