Extrait de ATOME Z Philippe boisnard 2ème hypothèse :
la combinaison
la probabilité que 2 animaux fixés en des
régions opposées sur terre se rencontrent est proche de
zéro même s’il s’agit d’animaux migrateurs
l’homme est-il un animal comme les autres ? le serait-il par intermittence, à certaines heures
les 6 milliards d’hommes vivent dans le monde le monde n’étant pas la terre, cela ouvre
des probabilités de rencontres qui n’existent pas sur terre
le monde n’étant pas la terre le monde ayant des profondeurs qui en font une bande de
möbius alors que les profondeurs de la terre donc du sol ne sont
que crevasses, abîmes, vallées, falaises, puits,
ornières, les profondeurs du monde sont des volumes et des plans
et des strates et des lieux et des domaines qui forment aussi des boucles
c’est parce que les profondeurs du monde ne sont
pas des cavités comme les autres que les hommes ne sont pas des animaux comme les autres que les hommes se sentent narcissiques aimant bien épouser le contour de leur propre ombre
sur le sol de la terre c’est seulement lorsque l’homme s’accomplit
dans une cavité naturelle qu’il devient un animal comme
les autres qu’il peut jouir qu’il peut aussi mourir qu’il quitte le monde pour s’enfouir dans la
terre
c’est parce que les profondeurs du monde ne sont
pas des cavités comme les autres — celles de la terre que les hommes ne sont pas des animaux comme les autres
fixés à une région géographique du sol où
ils sont inscrits
l’inscription chez l’homme ne dépend
pas seulement de la terre même si au début il n’avait d’inscription
que sur celle-ci même si au début l’homme n’avait
pas découvert le monde et les 6 milliards de particuliers qui sont inscrits dedans au-dedans du crâne qu’il n’avait pas
découvert
l’inscription chez l’homme ne dépend
pas spécifiquement de la terre même si encore des hommes parce qu’ils ne
sont pas dans la bonne partie du monde sont surtout inscrits sur la
terre et pas dans le monde ainsi = toutes les parties du monde n’ont pas
la même qualité la relation possible entre deux hommes, inscrits en
des points opposés sur terre, dépend de la qualité
du monde dans lequel ils vivent l’homme n’est pas un animal comme les autres
car il se sent chez lui dans le monde le monde qui est un compte-pour-un se déplie en des milliards
de volumes et de plans et de strates et de lieux et de domaines et de
zones l’homme qui n’est pas un animal comme les autres
le fait bien sentir aux animaux — homme ou animal — lorsqu’ils entrent
dans son monde
Le monde def.1 : réalité une qui
contient l’ensemble des interactions des intersections des interrelations
des hommes qui tournent en rond dans le crâne Le monde def.2 : réalités multiples
qui sont constituées comme des boules dans le crâne de
chaque homme qui s’inscrit dans un monde Le monde def.3 : réalité privée
qui permet de discriminer tous les animaux — homme ou animal
— qui viendraient enfreindre la frontière Car n’oublions pas que le monde a des lignes,
des frontières, des lisières, des clôtures, des
parois, des limites
C’est
pour cela que c’est un compte-pour-un dépliable en des
milliards de mondes multiples et aussi privés
Les profondeurs de la terre ne permettent pas de passer
d’un monde à un autre Les espaces sont localement déterminés Ils sont reliés spatialement Les profondeurs du monde permettent de passer d’un
monde à un autre Ces profondeurs sont visiblement les portes, les fenêtres,
les véhicules, les ascenseurs, les escalators, les tapis roulants,
les avions, les trains Ces profondeurs se déplacent car l’une des
qualités de la profondeur dans le monde humain c’est de
pouvoir se déplacer
L’obscurité ne se situe jamais au même lieu
Mais les profondeurs du monde humain ne sont pas que visibles Elles sont aussi cachées Ces profondeurs cachées sont par exemple les postes
de radio, les téléphones, les télévisions,
les ordinateurs reliés à internet Plus les profondeurs sont cachées moins elle ont
à se déplacer Moins elles ont à se déplacer plus elles
permettent le déplacement Elles permettent une jonction entre des points distants
sur terre Des points qui n’auraient jamais pu être reliés
autrement que par les combinaisons permises par l’espace mille
feuilles du monde
Car aucun animal ne peut se relier à un point de
l’espace s’il n’est inscrit déjà sur
une ligne de ses déplacements Car pour l’homme qui n’est pas un animal comme
les autres car il ne fréquente pas le même espace que l’animal Les lignes de ses déplacements ne sont pas forcément
toujours inscrites Elles sont dites alors : librement accomplies Résultat d’un libre arbitre qui amène
que l’homme vit dans le monde alors que l’animal vit sur
terre
C’est parce que l’homme crée ses propres
déplacements dans le monde Et que l’homme n’est pas seul mais se subdivise
en 6 milliards d’individus que l’ensemble des mondes possibles est une expression qui a véritablement un sens pour l’homme
L’animal n’a pas de monde possible Car sans monde il bondit du sol Il a un sol qui est sur terre qui s’étend
à l’infini sans qu’il y en ait de limites Les frontières animales ne sont que des représentations
qui ont un sens dans le monde des 6 milliards d’hommes Les animaux n’ont pas de frontières mais seulement
un sol Qui est sur terre qui s’étend à l’infini
sans qu’il y en ait de limites
Pou l’animal la terre n’a pas de limite car
il ne se pose pas la question de savoir ce qu’il y a au-delà
de son sol Le rien de l’animal n’anéantit rien
il donne Il donne à l’animal le repos face aux questions Qui tournent en boucle dans le crâne des 6 milliards
d’hommes Hypothèse n°3 :
théorie de l’ensemble#1
Le monde a une histoire qui n’est pas celle de la
terre car il y a aussi des tableaux de classification pour séparer
la qualité de la terre de la qualité du monde ces tableaux permettent de décrire des ères pour la terre, pour le monde ce
sont des époques qui se succèdent et viennent permettre les tableaux de classification
qui ne sont ni géologiques ni paléontologiques c’est parce que le monde a une histoire qui n’est
pas celle de la terre que les hommes qui ne sont pas des animaux comme les autres
ont une histoire qui n’est pas celle des animaux
C’est dans l’histoire que les hommes se reconnaissent
hommes Parmi les 6 milliards d’hommes qui peuplent le monde
et l’histoire Avec les 6 milliards d’hommes qui peuplent le monde
et l’histoire Qui tournent en boule dans le
crâne
L’histoire n’est pas le temps, le temps est
la dimension imaginée de l’histoire, son nombre L’histoire est la mémoire des hommes afin
qu’ils puissent se définir en tant qu’homme L’histoire est constituée de noms, de lieux,
de dates, d’événements, de villes abandonnées,
de nostalgie, de ressentiments, d’attentions, de commémoraisons,
de chronologies, d’Etats, d’invasions, de départs
et de retours, de fondations, de royaumes, de nations, de tiers-états,
de tiers-monde, de parties imaginaires, de mondes sans fondements, de
monuments, de monstres, de routes égarées, d’errances
donc, mais aussi d’installations, de terres promises, d’inflations,
de conjonctures économiques, d’élections, de révoltes
parfois de ce que l’on nomme de révolutions, de tranchées,
de guerre froide, de tropiques et de topiques, d’espionnages,
de manuels, d’histoires officielles, de dépêches,
de récits vrais, de récits romancés, de témoignages,
de doutes et de soupçons, d’autoroutes de l’information,
de toutes les représentations médiatiques qui ont un pouvoir
hégémonique Car l’histoire est d’abord et surtout ce qui
est établi comme vérité du temps de l’homme, De l’homme qui tourne en boucle les 6 milliards de
particuliers qui tournent autour du monde dans le crâne
L’histoire est d’abord et surtout ce qui comme
vérité ne donne pas le temps à d’autres histoires Elle est en ce sen s tyrannique Car ce n’est pas un homme qui est tyran, c’est
sa soumission à la volonté d’histoire A sa nécessité A son inexorabilité A son auto-immunité A son autorité Non plus être visage mais portrait
L’histoire est une galerie de portraits qui tracent
des lignes Qui sont des frontières Qui sont des zones de distinction Qui sont des plans où les particuliers peuvent communier Ensembles Ou Séparément Mais toujours face à des icônes ou des idoles
L’histoire est une galerie de portraits qui commencent
au début de l’histoire Par des portraits dessinés approximativement à même la terre, à même la roche,
pour être gravés dans le marbre Par des descriptions, des doxographies, transmises oralement L’histoire au commencement se perd sur la terre,
luttent pour s’arracher à l’inexorable corrosion
du temps de la terre Car n’oublions pas l’histoire est la dimension
où née le monde La dimension où le monde se tisse et devient homogène Lisse A force d’être structuré par des lignes
et des frontières de portraits qui se succèdent dan la
galerie du temps du monde
L’histoire est une galerie de portraits qui se font
de plus en plus précis A mesure que le monde devient un et non plus multiple Eparpillé on ne sait où sur la surface toujours
plate de la terre C’est
parce que le monde est rond que l’histoire a pu devenir une et
alors tourner en rond tout autour du monde qui se boucle en rond dans
le crâne
Hypothèse n°4 : translation
Parce que les 6 milliards d’hommes ont une histoire
qui n’est pas celle des animaux qui peuplent la terre et bondissent
dessus les 6 milliards d’hommes ne babillent, pas n’aboient pas, ne hululent pas, ne beuglent pas, ne miaulent pas, ne jactent pas, mais parlent car la parole est l’outil de la création
de l’histoire de l’homme et du monde et rampent
Parce que les 6 milliards d’hommes ont la parole
qui se construit sur le langage ils ne sont ni animaux ni végétaux ni minéraux ni quoi que ce soit d’autres
mais des êtres parlants qui représentent leur
présence dans le monde de la parole qui est un monde du crâne qui est un monde qui entre en correspondance avec le monde
dans lequel ils s’agitent en rampant ne sachant pas bondir car seul seul l’animal comme les autres bondit sur la terre
La parole def.1 = c’est un compte-pour-un qui tient dans ses limites irréelles
le multiple des paroles La parole def.2 = une ondulation, un souffle qui
traverse l’espace et que l’on pourrait croire linéaire
alors que la parole est une onde qui est une nappe sonore qui s’étend
dans tous les sens à la fois C’est pour cela que lorsqu’un homme parle à
un autre homme, un troisième homme qui serait placé dans
le dos du locuteur pourrait entendre ce qu’il dit La parole def.3 = ce qui succède au silence
alors que le silence parle aussi mais sans parole Le silence est la dimension des histoires sans paroles,
c-à-d c’est la dimension de la présence
C’est pour cela que la parole
est la dimension des représentations
Lorsqu’il y a du silence, il est plus difficile qu’il
y ait une histoire qui s’inscrive Le silence même parfois ne laisse pas de traces Comme si sciemment on avait voulu oublier Ou Effacer
Ce sont les forfaits qui sont souvent passés sous
silence Et pourtant dès qu’ils sont sus ils font parler C’est pour cela qu’on les tait que celui qui
les commet se tient dans le désire qu’ils soient terrés
dans le silence
Le silence est une profondeur qui hante l’histoire
mais que la parole vient à chaque fois recouvrir Le silence n’est autre que ce qui ne se dit pas Ou bien encore Se dit dans la contradiction de son souffle
La parole de l’homme ne sait se taire Sans jamais se tarir l’homme parle alors que les
animaux comme les autres Se tapissent dans les ombrages de la terre n’apparaissent
à la lumière du monde Silencieux sont immobiles ne pouvant parler et accueillir
le monde
La parole permet de relier une chose à une autre
chose qui est dans le crâne et que l’on appelle un mot La parole est le lieu de la rencontre du monde et de la
terre Le lieu alors de la possibilité d’un monde qui est le résultat de ces fiançailles |