au delà des limites de chez nous là en
bas un sentier passe, où viennent courir – les gens venus
de la ville ; notre forêt leur tombe à pic dessus
une pente raide descend au sentier, pente raide nous dévalons,
raide tapissée rose aux aurores
les coureurs passent les coureurs passent
et nous couchés là le matin, et tôt,
nous nous baignons là du rose s’affaiblissant jusqu’au
jaune, goûtons vides ces lieux si proches de notre mère
et l’haleine des coureurs vient jusqu’à nous.
les coureurs ont fesses serrées – et Ariane
n’est-elle pas elle même ? –, les cheveux d’Ariane
tirent vers l’arrière son front ça la rend si crispante
cette enfant, je suis si – mes doigts s’enfoncent en terre,
aux reliques sèches des fougères à nos fesses –
et l’Ariane est assise elle observe passer les joggeurs tignasse débile joues à cratères
irrités ; lèvres rouges si – presque mauves
tant elle s’en mord – elle est mutilatrice rillettes, de
son corps propre – sous les ongles lorsqu’elle les use à
creuser certaine plaie ou morsure, sous ses ongles du noir profond ;
ses yeux scrutent les joggeurs bord de mer
comme en plage les passants comme baigneurs, nous sommes
forestiers curieux de ces gens alors : telle jaillissant des fonds
marins Ariane se redresse de la planque préfère être
parmi la tiédeur claire du matin, elle sent sans doute quelque
démangeaison à la Sylvie et pose au sentier le corps :
court quelques mètres suivre les fesses d’un passant, serrées
pommes l’une contre l’autre puis abandonne la partie, elle
recourt encore lorsque le suivant arrive puis elle abandonne la partie,
arquée je vois qu’elle saute, alors, et pirouette l’envie
est comme de cumulets en l’air face à ce corps dispersé
dru rose, peau grise de ciel ou Sylvie partout alentours de nous –
l’électricité est vive aux parties vive aux parties
dicton merle à ses failles presque pourpres, sans
nom démène les hanches paumes jusqu’à ce
qu’irritée misère déculotte, qu’elle
se disjoigne les sangsues les rixes pécules mous, ses piécettes
– se défroque, culotte à ce qui reste des orties
elle se déculotte la rive, d’en haut des pentes je vois
– le rouge le rose chante, Sylvie !, Sylvie !, oisillons
de merle à becs bas, silences des forêts
– !!!
puis au sein du silence forestier naissent de loin des
souffles scandés approchant à la une, deux, sueurs, et
Ariane d’au-milieu des croisées elle reste, là,
croupe vendue paquet de linge aux chevilles, godiche pâle et laide
avec ses cheveux tiraillés lorsque le couple qui s’était annoncé
à la respiration brute passe par elle, ne manque-t-elle pas de
s’écraser pour les suivre ? Puis s’écroule
hoquetée de rire, pédale en l’air ses pénates
disqualifiées, elle du cou aux jambes se laisse venir aux cailloux,
propres ristournes à ses peaux une nouvelle vague de joggeurs passe : mais elle
est encore couchée aux terrains vite se redresse sur ses quatre
pattes et se rue dans leur sens, s’étale à nouveau
puisqu’elle avait omis – et elle pleure presque d’ivresse
irradiée et céleste, croît même flotter de
partout –
à la troisième vague elle eût le
temps d’arracher ce qui lui restait de guenilles encombrantes
et comme un taon, guêpe malade se rue bas de corps nu sur un corps
ruisselant : l’homme n’est pas jeune et l’œil
apeuré il la supplie de le laisser, se dégage d’elle
mais elle l’enlace au cou, baise de ses lèvres craquelées
la nuque du vieux – et lui continue à courir, suppliant,
sautille pour ne pas perdre la cadence puis d’un coup brusque
et presque désespéré il s’en débarrasse
et détalle tel le lapin dans quelque fourré non loin –
elle se trouve rebelote par terre le ventre trituré de rire –
dans les bois le long du sentier aux coureurs le silence
à retrouvé ses marques, Ariane s’est calmée ;
elle reste dorénavant couchée sur le chemin, dos à
la caillasse jaune, coudes y plantés à angle droit, tête
redressée : sa mâchoire est fortement serrée,
les muscles saillent, et ses cheveux sont restés ce qu’ils
sont
plaquettes mi-flaques sur doux sol gravelé, sons
flasques, presque mous mais lestes, rôdent alors sèment
la rôde alentours ; semelles jaspent carpes aspirent la narguent,
les semelles, scandés soultes d’efforts, frites sonores
et ocres, tapies dedans la glaise du chemin, à la rythmique de
la course lente cavalent jusqu’à elle l’homme est grand et absorbé par l’effort
lorsqu’il pointe au tournant, silhouette concassée par
dessous les pinèdes – absorbé par l’effort
il ne réalise pas l’objet vase de la petite dernière
ligne droite avant le corps le regard descend alors, et l’œil
glisse jusqu’au c elle voyons comme les chiennes, n’est-ce pas, comme
les chiennes, est – elle reste couchée à la nervure exacte
du chemin, vertèbres craquelant aux monticules et saillies ;
le garçon là est rutilant de sueurs il rutile, l’homme,
chic et gercé de short brillant et cuisses lubrifiées,
cuisses glaise à presque huile chienne le nargue et il y perd
le souffle, s’arrête bloc net devant l’enfant ma sœur
à lui posée, les cieux, les écorces sont roses comment t’appelles-tu ? dents polies, sourire
poli, Ariane lui demande, accoudée au sentier – le garçon
est debout, grand, poitrine large – comment t’appelles-tu ?,
et la tête d’Ariane penche légère vers le
côté pour marquer la gentillesse sceller de son sceau la
scène – écartées pattes, sexe pattes chienne
ce que voit ce garçon – il s’appelle : Jean-Luc
Jean-Luc graisse l’air de ses cuisses muscles lancinants
la rondeur ferme, caresse l’idée dans son cerveau barque
cuir rectangulaire, il caresse l’idée de défaire
lui son short brillant bleu, brillant, caresse l’idée car
– sa bouche sous l’effet de la stupéfaction reste
ouverte et l’œil, reste fixement posé sur petite Ariane
rêve posée là – et lorsque les idées
montent lui monte également le chicon, quoi raidi, chicon raidi
quoique défonce son short presque et hache hache frotte un joggeur
passe encore l’air de rien nous dépasse, Jean-Luc ne sait
quelques instants quoi faire puis regards devant, derrière hop
défroque quel légume ! défroque le légume,
défroque, le légume, blanc, bientôt rose, et rue
son organe sur elle
le rose très pâle, mourant des cieux aurores
dissipées se mêle semblable à la peau tendue du
membre joggeur ; l’air frais crispe ses sens, parmi les écorces
d’hêtres le gris est sensuel ; et les fesses, du joggeur
mâle se claquent claquent fondent ensemble et bien en ronde, fondent
au printemps les chaleurs qui germent chaleurs, en centre d’Ariane
germent, chaleurs routes blanches, réverbères incestes
de bleus, blancs, chemin jaune – que la tige du mâle bascule
ne l’étonne pas, en elle et s’emboîtent le
pas l’un à l’autre, sur scène gravillons,
crissent, fébrilité nue dans les râpeux espaces
vagissant la crue, monte la crue et dermique, essentiellement juste
là derrière lui – Ariane redresse la tête
pour mieux voir – juste derrière son dos besogneux l’astre
éblouissant cavalcade douce l’astre solaire monte, lent
monte, s’élève roi magistrale fanfare ruée
vers l’or, actionne toutes, les particules toutes, des plus intimes
sylvestres minuscules bestioles volatiles jusqu’aux mousses de
soie, l’astre débloque réveille emballe tout de
sa trompette molle de sa perruque, ardue.
espaces cheminées flammes de sang et chairs retournées
sur le plus vif des creux, croupe labourée de bien en chaudron
fort membre, tige si drue qu’elle casse tête lactée
de friselis dissipés, les deux amants agrippés de bures,
brunes extirpes taons se mêlent de jus et astre, l’antre
de sœur s’avale en lumières
alors les fesses du bouc bandent leur muscles, ses dents
se plaquent et il lève très professionnel le visage aux
cimes griffées de branches nues, lève l’œil
jute, les empalements se succèdent à allures rapprochées,
rapprochées tristes et bientôt Ariane d’égal
à égal, ruée gorge râle se plaît à
se – douves ses allées, fruits huiles de cambrée
nue – se plaît à se hausser tombe, couper pure, ronger
l’ergot à l’épaule là de Jean-Luc :
les ruches de ses cuisses, encerclent le bas du dos de l’assaillant :
bouche à l’ambre râle de bois, férue corps
cris de foules, lumineuses cuisses, huîtres d’or :
son mollusque avait lâché prise, lâché leste,
cuit la bure : joug esclave l’été pénètre,
pénètre les tombes corps de gars et fille s’épousant
là leur rixes, sexes Dirk Dirk Jean-Luc
pluie de soleil coulées de pâte blanche
– lèvres ocres, chairs carnage blond – cuisses couchées
et fesses, de pain, seigle – le fleuve coule encore le long des
petits monticules chez Ariane que déjà frotte frotte frotte
le joggeur est reparti sur la route, bien mûr sur route jogge
très professionnel, jus trace de jus tache le coin gauche du
jogge jogge short brillant, très professionnel Jean-Luc frotte
jogge est reparti ; rires puis vide, l’anis coule entre défroquée
Ariane rit, gorge palpite genoux pliés fesses et coudes au chemin
elle rit encore mais le vide prend en gorge sous le soleil – je
la redresse et mène le pas vers lac, marchent lents, deux ombres
vides, marchent, mais à pas lents quel vide ! souffle-t-elle large et bouche gaie, bouche large gaie, elle est joue posée sur mon épaule – elle est corps soutenu par moi ; marée de purulente pluie jaune – marée de pluie purulente, jaune – vase énorme roux, blond cassé sèches mèches solaires maquillage forêt bords de terre, coussins fêtes de touffes et saillies sourdes, saillies sourdes, saillies sourdes. |