Propriété.

[En version de dispositif d’action théâtrale]

1. [vis à vis] [ce texte pourrait être fragmenté en 10 et distribué à 4 ou 5 interprètes] [il se trouve ici dans une forme compacte, énergétique] [important un acteur entre et c’est parce qu’il se place sur une ligne que ce qui suit a lieu] [le vis à vis est une réduction à l’extrême de la relation entre deux personnes, deux parties : spectateur, acteur] [on eut espéré que ce soit l’occasion d’une rencontre, d’une communication] [cette première séquence expose le renversement de cette relation : la présence en face de moi tendrait à s’absenter] [physiquement là, elle continuerait à me parler dans le même temps qu’elle se serait retranchée de moi, de ma compagnie, de toute communauté] [ruse du poisson-renard : ce poisson révulse l’intégralité de son corps, afin d’apparaître à ses prédateurs sous l’aspect d’un bout de bois, une souche, un leurre]

Peut-être trouverons nous l’équilibre mental ; l’équilibre dans la propriété.

Peut-être faut-il circonscrire ce corps Ne pas toucher Propriété mienne ;

parce que mon ignorance s’étend juste devant moi ; et j’en réduis l’étendue je m’efforce ;

je ne me projette pas dans le visage de quelqu’un ; j’en deviens incapable ; Tous ces visages à ressusciter dans l’amour ;

et ce ne sont pas tes appâts qui me maintiennent ce ne sont pas mes rêves inqualifiables qui me conservent ; c’est du temps, rare de toute intelligence ; mon temps à moi rare de toute vitalité ;

alors tu sens qu’il est impossible de participer à ça, non ? participer à moi ; tu ne sens pas ?

Equilibre et propriété ; cette propriété ne va pas bien loin ; elle me contient juste avec un peu d’air autour ; comme quiconque ; quiconque qui serait coupé du reste du bruit et profondément atteint, agit par lui ; un équilibre et une propriété propres à communiquer une sécheresse de cœur ;

si nous ne comprenons pas ensemble cet espace entre nous ; à qui parler ? à qui parler du sexe ; de la main ; du sexe tendu de la main qui se propose ? ; tout est là dans la main qui se propose le geste de toute l’humanité non ? ; non

je crois que l’on change et que l’on change sans cesse si on n’y met pas de repères ; qui gère ces repères ? ; qui nous gère ? que gérons-nous de notre vie ? l’appétit le sommeil notre appétit de vivre notre désir de dormir ? ;

comment devient-on quelqu’un d’absent plus vite que sous le coup d’une rupture ?

je crains de te toucher comme je crains de répercuter toute cette violence sur quelqu’un – faites que l’amertume ne rebondisse.

Nous gagnerons l’équilibre et la propriété à rester sur nous-mêmes oui !

[un animateur commercial se charge du reste] [il prend en charge l’animation et la poésie d’une expression de notre communauté]

2. Permettez moi une expression de notre communauté :

(dès que les filles seront prêtes, je commence…)  (les filles remettent bien le devant de leurs strings pour plus de confort)

on en vient au déshabillé fin

on met des slips aux abat-jour des lampes

on vit en sûreté dans la romance ou le tourisme, en compagnie de ses goûts les plus atroces,

on en vient dans le même épisode à supporter un frère débile dans une ferme danoise

on est en communauté, on aimerait bien se lâcher ou se lover au creux de quelqu’un

on est trente invités on est sinistre lorsqu’on rit

on lit le taux d’homicide du quartier dans lequel on s’est trouvé

on est bon public

on vit le sentiment d’être glissé dans la vachette souple d’un portefeuille

le malheur nous intime certaines choses  on est persuadé d’assumer

on vit comme des flèches

on a un solde débiteur

on doute de la qualité de ce qu’on a ramené du voyage

on défait l’écriture de son emballage le papier colle au bonbon

on défait les linges des bagages on refait les piles de l’armoire

on a des doutes sur la qualité on vit des doutes on se repose à l’arrivée on ne fait que ça se reposer de l’arrivée

on s’essayer à orthographier les sons  ça peut parler impur  nous n’avons pas d’appareil  pas le même appareil  elles n’ont aucun problème de vaginisme

on vit des encarts des adverts

ç’avait toute la rapidité de la vie

conforme un instant à l’idée qu’on s’en faisait

qu’à six heures on s’éveillerait sous l’échangeur

ç’avait toute la rapidité de la vie conforme un instant à l’idée qu’on vivait en dessous  sous des taules ondulées

la lampe du plafonnier en taule                       (nous le certifie   chaque matin qu’on la connecte)

on en chanterait tant les chansons font du bien

celles qui racontent combien nous avons été nerveux et c’est bien normal la première fois et se défaire

ainsi  (d’un si plat tropisme)  est convulsif et douloureux

on en chanterait

souvent nos terrains vont de la douche à la buanderie  détachée du jardin  jouxtant un garage en parpaings   on a commandé la clôture (les photos et les plans)

on fait commande de la clôture  on fait vœu de bien vivre  détaché du Lot voisin  jouxtant un garage en parpaings  un jardin en pierre

on est en compagnie de ses goûts les plus proches  tous égaux

on est malhonnête dans nos goûts les plus sûrs

décidément on doute de la qualité de ce qu’on a ramené du voyage

quelqu’un chante avec ce profil célèbre   et que profite sa joie !

pour qu’elle profite à autrui sa joie est exhaustive

dix minutes vous font de quelqu’un un familier   je n’ose plus dire où je suis

on est en week end du sens dans un conduit

on vit des encarts des panonceaux

ç’avait toute la rapidité de la vie  conforme un instant à l’idée qu’on s’en faisait

on est en stand by pour une fois on est rachitique et normé

on est solidaire…  on ne connaît pas très bien sa place

on a un solde débiteur   il faut rêver    c’est possible un imaginaire qui double l’incarcération    possible

on en chanterait tant les chansons font du bien

on irait dans un cinéma tant le cinéma fait du bien

tant ce qu’on nous rapporte sans notre volonté fait du bien

Sauf notre respect j’en chanterais une pour notre communauté

en compagnie de nos liens les plus atroces sauf votre respect

[les filles esquissent quelques mouvements du bassin, elles revoient les pas autour de la barre]

[dans d’autres endroits les filles font le show sur un carrousel ; deux filles sur une à la pénétrer d’un double godemiché] [à la périphérie de la lumière rouge sur leurs corps, l’univers des regards s’obscurcit, l’unanimité d’un spectacle qui les investit, l’unanimité noire de terreur ; l’œil contemplateur terré dans les banquettes] [se repère aisément dans les banquettes, badgé, il maintient en désir l’assemblée, la réunion devant les filles, et elles maintiennent très haut la barre, quelquefois se renversent sur elles même, sur une musique assez drôle, qu’on en conclu qu’il s’agit véritablement de divertissement, pas d’ambiguïté]

Allons enfants / de la Patrie / cette musique / et c’est magique / et ça m’excite…/ Allons enfants ! de la Patrie / je suis très douce, très attractive et sexuelle ! / Allons enfants ! [Avex Asia Ltd/ Objectors feat. Marie-Noël/ disponible dans le pays d’origine]

Il faut rêver   c’est possible un reste d’imaginaire contre les flammes une survie  se démarquer

quand on est promis à la foule

on était près du photographe on nous a demandé de nous serrer on est prêt   

sourire invisible sur Ekta chrome invisible sur des hectares   

se recompose en vue aérienne le visage du président  les Masses 2002

en pleine dépression

Faut rêver être out of bounds

quand on est encore behind the bounds dans la propriété d’autrui

3. Portion d’une activité globale / scène :

OUT OF BOUNDS

[une enseigne était peinte au-dessus du passage des piétons : A défaut d’autocritique, initiez vous à l’autodéfense.]  [au sol une large bande et une inscription sommant de n’être pas dépassée]

[une disco de contrefaçon est sélectionnée et les filles dansent]

[toutes les deux minutes des serveuses apportent nourriture et boisson aux invités et aux filles]

[ici personne ne lit les papiers bariolés de la presse]  [ici personne ne lit rien]

[les serveuses ont des noms] [leur service a un nom] [non personne ne nie rien]

Cherche  pas amalicier police pas tourist juste chérir ma personne en retour   Ma melle lui donner des chérubins bons de corps biens d’esprit

Pour prouver l’exaltation de mon corps à sa tache prouver d’la générosité de mon bien manipuler ma féminité sans cacher l’impair : quelques poils tout le tour de mes tétons

quelques poils en rond écrasés dans un filet de salive j’ai tout lissé sur toi toute la présence de mon corps sur le tien   holy one  qu’importe aussi gluante que soit l’amour la vie se fait n’importe comment  qu’importe la vie se fait n’importe qui Nathida27

Avec ma sensibilité navrée j’ai cette ambition à partager

Mon ambition c’est 

Paris ! Ton retour ton amour ton partage ta liesse de blanc Mariage en Liasses de Blanc !

J’insisterai et j’assisterai ta réponse… notre corps qui n’est plus employé de personne ! Prayong59

Assister à ma parole ? Créer des récits est le problème récurrent des piétons, notre corps qu’est plus employé de personne  est à solder à soumettre par le fort intérieur  correspondances privées je   ne supporte plus les métros publics bouchés d’ennemis ensemble  non,  surtout plus les couilles de supporter la misère des rues écoute :Soyez là pour la fin Soyez là pour la misère sociale !   qui fut notre père et de vous autres ?   des maçons  o des peintres d’advert sur sol do not trepass o sold out ? le client comme son pire déchet nous avons besoin de chialer    réconcilier   s’apaiser derrière les barrières s’exposer patiemment a Male pedestrian

“ Keep Standing Behind the Bounds ” th guy said Keep S(a)tandin’ Behind the Bounds “ will you Face to Me Bastards ? ” 

“ Derrière les câbles Calmez vous pitié ! ou j’astreins votre race au calme ! ” th guy = le énième vigile

créer des récits face à l’adversité, c’est le problème récurrent ! a Male pedestrian

“ Bâtard ! ” le vigile dit bâtard ! “ Recule ! derrière les câbles ! Recule ! ” th guy = le énième vigile

j’assisterai à tes gènes j’assisterai à tes gênes oui

j’insisterai : reprend tes exercices : tes tentatives de séduction 

j’assisterai à tes tentatives d’incursion

tes tentatives d’incursion en zones envahies vas-y

tu sais beaucoup l’expérience que tu as  

j’insiste tu sais beaucoup te forcer 

te faire fort de compliment : “  Une bonne danseuse de toping doit évoluer à la surface de la nature mâle, à ce niveau-là tu as l’illusion optique qu’elle te danse sur les cuisses 

serait ce par sensualité que tu me pièges    serait ce par obscénité que tu me prises ?   serais pas si mouillée sinon  confuse défaite en chant’ chantre d’une beauté                        poitrine naturelle pur tissu salissant  pisse dessus  manger de l’amour avec toi  with you ! with you ! Prayong59

devenir dingue aux bornes de la lucidité (Come with lollies / and a “ who loves you ” attitude !)

satanées barrières  on s’attendait derrière les lignes autorisées  en appelant satan sur nous dépréciés derrière des bornes Ce territoire en rogne le long des clôtures  et nous nuisant soumis aux rognes toute automnale la ville à présent  est celle que nous peuplons quand l’effeuillage est public  et qu’on publie les photos  Le corps qu’elle se cogne dans l’alu des abris des minibus où on voyage avec la gaule  périmètres des forêt en ville des oihane jungle le long la voirie la nuit ça chope les blancs leur baise posturale ne se salopent plus entre eux à la gueule mais préfèrent les Ku duro des africaines des culs montés sur des crics Souvenirs des Vallées Pyrénéennes voix étonnée : “ She Shaves ! ” toutes lèvres dehors Consommez motte fournie sciez  Servir frais toujours plus frais c’est la véritable qualité a Male pedestrian

 

j’assiste aux facéties à la facilité j’appuie sur l’aine tendre géostratégie en bande on est qu’au tiers collision dans l’âpreté du rapport   dans l’apprêté d’une fille pour le sport     putain comme tu la mets sur ses coudes tout son poids se prépare aux soins mal entretenus

j’assiste aux facéties aux rapports mal apprêtés          putain fait d’imitation de dix comme elle et de mille comme moi  Nathida27  j’appuie sur l’aine tendre géostratégie en bande zones roses servies sur une musique de ramazzo “ you’ll face me, tu verras qui je suis cette fille à Naclua girlish and wet comme la taule qui m’abrite come il cuore qui m’excite à bondir   des quartiers  lookin for somethin in the store, girlish as mes talons mon sac mes panoplies mon assortiment te drive jusqu’à la ligne de sanie où tu craches trois mots “ (what a) hell o Kitty !”   Et tu bouges en inversant mes gestes  et tu croises mes cuisses d’enfant pour voir enfin le blanc l’absolu…  you’re a fetichist oh boy I’m gonna…  gonade la pulpe grenade de mon vagin - it’s absolutely easy to tease you and rise you up et rire de toi rire de toi ! j’insiste à tes souffrances tu es si peu   compliqué  que mon con va te compliquer un peu la tache  la touche française soit absolument attisé  j’insiste à l’amour élaboré j’insiste aux regards sur ça notre corps !   ponctuer la différence coup de bassin coup de cul coup pelvien  allez cul à cul entre femmes j’aime le pénis pour la différence  un en hein en main une en chair hein différente du double ceinture avec lequel je danse   double carrousel donc double choix de carrosserie triple onguent pour que tu succombes vite !            plusieurs fois les mêmes prénoms diminutifs dans 28, 40 corps on ne l’entend pas mais  il y a “ j’ai une sensibilité amoureuse à faire découvrir ” et “ j’insiste aux regards sur moi : corps monumental pour la nation ”. Far

4. les personnes ont négligé leur importance /

Je suis une fille qu’on recrute dans les hypermarchés de bordure d’agglomérations ; comme je suis jolie ; on m’embouche ; on m’embache ; on m’embauche deux trois fois par semaine le mardi et le week end pour les matchs ; pour me voir faire la Ola et me voir faire la Ola ; je crois que malgré l’ignorance on gagne plus qu’on perd à être un soldat plutôt qu’un supporter ; on apprend quoi ? 1 la promiscuité 2 nos verres vides 3 la promiscuité ; Tous Ensemble hé nous accusons la promiscuité où nous tiennent nos verbes vides ; la télé m’apprend ; toutes les brutes me prennent ; je suis Surprise ; je suis Violente ;   et je veux pas qu’on me touche ok 

(elle se fesse devant un camescope, ferme les yeux, tire la langue)

du moins les personnes ont négligé les dialogues enregistrées entre elles /

les personnes ont négligé leurs existences /

s’agissant de moi je ne pourrais pas rester là / s’agissant des autochtones ne tirez pas de moi quelle est leur opinion / la cambrure qu’elle prend / leurs sales poses si tentée par amour / je n’en sais rien / s’agissant des autorités il faut qu’elles jouissent du plomb qu’elles ont voulu peindre au sol comme des signes aux pieds / la situation est empruntée aux vies des populations banales / aux erreurs de cité aux bazars peuplés / de la clientèle des marchands de pierres Derrière des bandes / bon me direz vous le linge froissé durant une passe me direz vous bon tout cela emprunté au banal des populations vivantes / qu’une fois enfin j’aimerais qu’il ne s’agisse pas de moi me direz vous / bon à tout bien tout honneur trépasse se surpassent les conditions pour lesquelles je m’exploite sans nuance pour le monde sans nuance toute sensualité / se confinait sous mon vêtement avant que tu ne viennes avant qu’une passe m’ait frôlé quand s’épanouirait bée / la bavardise de tous les membres sexués un frisson me jette à la ruine et trépasse / se surpassent les conditions pour lesquelles je m’exploite de la sorte et manger l’air sur des reins blonds a toujours été la seule peine pour laquelle j’acceptais /  de rester parmi vous  au monde sans nuance claustration / d’intelligence / intelligence / parfumerie populaire parieurs de plein air / stand / détente / les convictions précaires pour lesquelles je peux me défendre   ne nécessitent qu’un corps.

Un corps monumental comme la chair superficielle de mon doute. Rendue monumentale. Essor des biens pour lesquels je m’exploite apparaissent s’apparentent à des négresses  et se bougent en connes  qu’on n’attendaient plus se relever des pâmoisons de l’esclavage   de la collection : Caravage  du temps, Bête de Style, Je suis une bête de cire et de pisse, les insanités présentes les réunions d’hommes n’ont eu de fait  dans les réseaux incultes de la Ville de Bordeaux. Mairie des /  bien en vue  / tu peux attenter intenter à sa survie ! à sa subsistance pudique / comme à Naclua – Ici : même tiers    cette économie des subsistances entre elles   entre nous   / dévalorisée /  ne nécessitent qu’un corps

¹“ Un corps embarqué d’explosifs menace l’établissement TNT – Manufacture de chaussure de se rendre au prochain défilé des Jeunesses Tiberghiennes et d’y donner la mort ” ¹ Zone d’information libre.  – qu’un corps

Pour le marché un corps pour la ballade et le manger pas pour rien si je peins aujourd’hui mes bandes je fais comme le territoire j’entretiens le mental je fais corps le territoire entretient le mental rajoutez-le entretient le mental faut bien continuer le jardin garder la main s’étendre à son aise même si on est lésé  sans que les murs soient trop près sans que le moral connecte sur sa fin immédiate / Jamais système de gestion ne supporterait qu’il n’y ait pas de marge d’erreur / de mémoire blanche de numéro vert même en absence comme un / reste de repos une plage une aire à contempler en révisant les contrats / jamais système de gestion ne supporterait qu’aucune faille ne soit possible. Jamais système n’applaudirait mieux sa refaite, sa refonte dans des crânes nouveaux, des amis occidentaux / de futures potences / jamais système ne susciterait mieux / des paroles déjà négligeables / sans audace / propres / blanches /

ne laissez personne vous gâchez votre Printemps de la Poésie / ne laissez personne vous gâchez votre saison culturelle /

Gianni-grégory Fornet.

Bordeaux / 11 mars 2003.


 

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