Nicola Frangione

“Rapporti orali e trasversalità sonore”

(performance de poésie sonore)

 

 

L'expérience et les concerts de Poésie Sonore de Nicola Frangione sont orientés vers ce que certains artistes définissent la “dramaturgie des arts”. L’attention au geste comme élément expressif fondamental marque le travail de l’artiste de manière indélébile. Nous avons alors une vocalité qui, d’un côté, participe aux performances du corps en se posant à l’instar des autres éléments linguistiques et, de l’autre, se manifeste en qualité de protagoniste dans toute sa complétude et dans une dimension sonore qui se lie au texte et à la musique selon des modalités interdisciplinaires respectant les orientations fondamentales de la “poésie sonore”, bien consolidées en un demi-siècle de pratique et d’observatoire pragmatique.

Avec son “vocecevovoce” de 1980, Nicola Frangione met en chantier des travaux qui se fondent sur l’utilisation du texte et de la musique du point de vue synergique, à savoir que de tels éléments ne se situent pas uniquement dans une optique de simple “spectacularité” mais sont construits par soutien réciproque afin de “révéler” la voix, la manifester “créativement”, d’en manifester la sonorité dans toute sa prégnance. Il s’agit de “poésie du son”, d’un événement sonore comme objet artistique, où texte, voix, musique sont étroitement liés.

Dans le travail sonore de Nicola Frangione, on enregistre donc un élargissement et une cassure du spécifique technique; on va au-delà de la limite de la production artistique de secteur bien qu’il soit en même temps possible de retrouver une “parole totale” qui sait se raconter et se faire regarder aussi, devenant architecture, construction visuelle, et puis son et écho figuratif d’une tension poétique pour pouvoir mieux voyager vers des horizons totalisants.

 

 

Notes biographiques

 

Nicola Frangione est né à Forenza (PZ), Italie, en 1953. Il vit et travaille à Monza depuis 1972; artiste interdisciplinaire et expérimentateur de différentes techniques artistiques: arts visuels, graphique éditoriale, musique et poésie sonore, réalisation vidéo et théâtre, poésie visuelle et Art Électronique (Mail Art).

Outre poète visuel, il a été l’un des mail-artistes italiens les plus importants; il contribue depuis 20 ans au développement et à la diffusion en Italie de cette expression artistique en organisant projets, expositions et laboratoires itinérants.

Il a publié et produit des éditions de livres-d’art, livres-objets: depuis 1975, la revue de poésie “Armadio e Officina”; en 1977, le livre “Osservazioni critiche sulla funzione del nervo ottico nella semiotica dell’arte”; en 1979, le livre “The relativity of language as the enigma of art”; 1980, “Zen and Art” et “Snapshot”; en 1987, “Madame et Theatre”; de 1987 à 1995, il a dirigé avec Luigi Bianco la revue de dynamiques culturelles “Harta” et Osaon, espace artistique muti-média de Milan; il dirige depuis 1996 la coordination des éditions “Harta Performing” sur le “performing arts” italien.

 Sa recherche dans le domaine musical et de la Poésie-Sonore a vu la publication de disques et de CD: 1983, le disque “Mail Music”; 1985, le disque “Italic Environments”, éditions “Armadio Officina”; 1997, le CD “Radio Art”; 1999, le CD “Rapporti orali e trasversalità sonore”. Ses travaux sonores ont été diffusés par des radios nationales en Hollande, Suède, Espagne, États-Unis, Japon, Canada et par les chaînes italiennes RAI uno et RAI tre.

Ses travaux de réalisateur vidéo ont été transmis dans des festivals et des émissions de télévision de 1985 à 1995: Film Maker de Milan; U-TAPE, centre vidéo de Ferrare; Festival Vidéo de Tokyo; Art video-festival de Stockholm; CMU de Madrid; Festival Arnhem en Hollande; Tele+3 Italia, etc.

Il participe avec performances et théâtre à de nombreuses revues et festivals internationaux. Parmi ses derniers travaux actuellement itinérants, on signale: “Percorsi attraverso percorsi”, “Italic Environments”, “Allitterazioni Sonore”, “Rapporti Orali e Trasversalità Sonore”.

 

 

 

 

 


Nicola Frangione présente au Festival International d’Arts certains morceaux publiés dans son dernier disque compact “Rapporti Orali e Trasversalità Sonore”, éditions Harta Performing, Italie, 1999:

 

“ Nembo verso nord ” 4.02

Éclatent les compétitions avec les reflets boucliers des vêtements, éclatent les compétitions d’arcs tendus à la poitrine des trahis, le dernier sanglot”. Dédié à toutes les rencontres/compétitions interpersonnelles, performances où le langage verbal devient compétition du néant. Une tendance à se mettre en avant où sujets ou concurrents ne comptent plus mais restent: “masques du spectacle, pantalons sur des marches d’escalier, dans de la finale l’haleine vaincue est dans les mains”. À l’issue de la compétition, tout recommence, toujours le même refrain: “Rien ne s’est passé, il y a toujours un arbitre qui siffle simultanément le début et la fin du match tandis que d’autres indiqueront les prix les plus avantageux.”

 

“Ittoosang” 4.16

La partition concerne exclusivement l’auditeur qui est invité à suivre les consignes suivantes:

(A)- écouter le morceau en restant 4,12 minutes debout. (B)- les pieds doivent chausser exclusivement des chaussures. (C)- les chaussures peuvent avoir n’importe quelle forme. (D)- dans la pièce, rester au centre. (E)- au centre, il est possible de se déplacer selon son bon plaisir. (F)- pour son bon laisir, il est toujours possible de ne pas suivre ces consignes.

Le morceau est dédié à tous les chasseurs et à toutes les proies de la new economy. À eux tous: “ITTOOSANG!” (une exclamation ancienne, utilisée dans certaines régions de l’Italie du Sud, entre Naples et Foggia. Elle signifie: Crache ton sang! Va mourir!).

La proie devint chasseur et hors d’elle s’envola, la pensée rencontra l’idée et s’envola, la pensée rencontre la proie et devient chasseur hors d’elle s’envola, la pensée avec l’idée rencontra la poésie le chasseur s’enfuit et la proie hors d’elle s’envola. ITTOOSANG!”.

Les consignes sont toujours utiles à celui qui les écrit, très peu à celui qui les suit.

 

“Pin-occhio al ticket” 1.31

Pinocchio, personnage mythique tiré d’un récit de Collodi pour une minute d’adultère: “Pinn…occhio! al ticket, car tout chemin d’utopie a son pinocchio, car tout pinocchio paie sa part de rêve parcouru, car tout parcours coûte ce qui ne se donne pas, car chaque don connaît le ticket, fais gaffe! Pinnn…en aimant la Fée Turchina car de toute façon le temps passe et l’intervalle jouit.” Dédié à tous les mensonges vrais devenus adultes.

 

“vocecevovoce” 5.39

Allitérations sonores du mot “voce” (voix) (tandis que la poésie rebondit, le poète saute).

 

“bassa marea” 4.15

En 1984, la compilation concrète de “bassa marea”, le son de l’eau renvoie à un court espace de compilation, environ 7-8 cm de rapprochement à la rive. Après des années d’archives, la compilation est réélaborée en 1999, l’art concret inutilisé reste dans la mémoire visuelle puisque remplacé par une fourmi aujourd’hui capable de nager dans ma bouche. “Une onde insaisissable pour un seul être, non immense, non vide, non lourd d’angoisse, mais semblabe. Tomber sur le seuil pour se souvenir de tout, s’effrayer dedans pour se souvenir de tout, mouiller le pré de l’intervalle nubile, faire fondre le goût sucré de l’insecte sur l’arbre. Regarder au-delà de soi pour ne se souvenir de rien.”

 

“giallo notturno” 3.53

“Jaune nocturne, c’est un objectif de tendance dans une ambiance unique. Ici rien n’est séparé. Tout se noue dans les tripes du poète, le quotidien après dîner, l’égarement parvenu au repos. Mode de compilation de la poésie musculaire. Désir tactile où rien n’est séparé ni le rythme du corps ni le risque du jeu. C’est ton jaune nocturne. Bonne nuit… …”