"Déplacements"
Déplacements est un travail artistique entrepris depuis 1997. La question de notre relation aux morts - et à la mort en général dans notre société contemporaine - a été choisie comme point de départ d'une réflexion collective(...) Ce projet installe dans le temps un engagement mutuel. C'est un atelier ouvert, où chaque relation engendre la particularité d'une réponse. La proposition est ainsi formulée : 1 - choisir dans son environnement quotidien un événement dramatique ayant entraîné la mort d'une ou de plusieurs personnes(...) 2 - recevoir chez soi un objet en plomb, une simple tablette en mémoire de cette ou de ces personnes disparues tragiquement. 3 - accepter de converser, de correspondre avec l'artiste, de prendre le temps de créer ses propres associations d'idées, d'images, en relation plus ou moins directe avec cet événement. 4 - réfléchir ensemble à trouver forme et trace de cette relation : soit en élaborant une réponse, dérivée des contenus de la relation engagée ou d'événements quotidiens survenus dans le temps de cette relation." (présentation du projet dans le document mis à disposition du public pendant une année, et le sollicitant pour devenir acteur du projet) " La relation qui m'a le plus permis d'exposer la dimension politique du projet est le travail réalisé avec Riwan Tromeur en Bourgogne. Il y a eu dialogue, entente, et la commande d'une quarantaine de plombs à installer chez lui, visibles sur la photographie montrée à La Criée, est le résultat d'un processus très élaboré. Les morts choisis de façon éclectique mais pensée viennent remplacer la mémoire d'ouvriers usés par les conditions de travail dans une usine dont l'artiste est propriétaire. C'est une réponse au danger de transformation ethnographique d'une usine classée au patrimoine industriel de la Bourgogne : nous n'avons pas réalisé un mémorial. Nous avons trouvé une transposition contemporaine de la manière dont les corps sont exploités aujourd'hui, non pas au travail, mais dans l'expression de conflits sociaux (crimes racistes, sexuels, homicides idéologiques, crimes politiques, suicides exemplaires). D'ailleurs, j'ai choisi de faire figurer dans le dépliant publié pour La Criée le cas d'un suicide politique, celui de Human Bomb, Eric Schmitt, preneur d'otage dans une maternelle de Neuilly, dont le maire, Nicolas Sarkozy, était à l'époque des faits, le 15 mai 1993, ministre. Eric Schmitt a exposé, par son geste, son échec social d'informaticien au chômage et a tenté de responsabiliser les hommes politiques inféodés aux lois du marché. Son pari a été entendu puisqu'il a été éliminé par le RAID sur ordre du ministre Charles Pasqua. La mort de Eric Schmitt est une performance tragique, minorisée en déséquilibre psychologique ensuite par les médias. Je fais en général cette lecture de l'exposition publique d'un problème dès qu'il y a passage à l'acte, crime ou suicide. Toute transgression de la loi éclaire la loi. Le terrorisme frappe au hasard et les états organisent l'exemplification de la mort." (Lena Goarnisson, entretien avec Larys Frogier)
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dans le projet « Les plombs pour les morts » Les plombs
pour les morts est une collection d' histoires, memento mori d'événements,
exemplaires ou non, des relations-limite des hommes entre eux. Pêchés
dans l'histoire quotidienne, ces faits, à la base de chacune de
mes actions, sont la quête d'un anti-héros à travers
lequel nous puissions reconnaître non pas une identité qui
nous enfermerait mais notre semblable, au sens le plus philosophique qui
soit. C'est une approche qui se veut non-spectaculaire et qui n'est pas
tant un questionnement des représentations contemporaines de la
mort qu'une volonté de stigmatiser nos comportements d'oubli et
d'abandon des valeurs qui fondent notre « être-au-monde ».
Pour chaque récit d'homicide, volontaire ou non, un objet en plomb
est fabriqué. Il devient le point de départ d'un échange.
Depuis 1997 93 objets ont été créés et ont
donné lieu à différentes actions et productions.
Accompagnez le projet en proposant votre histoire, mais aussi vos compétences
pour aider à la production d'une partie des collections ou à
leur diffusion.
Memento Mori bis My Laï 504 est une collection (à constituer) de 504 toupies en mémoire des 504 villageois exécutés sur ordre d'officiers de l'armée américaine le 16 mars 1968 (search and kill) au Vietnam. Adresse postale pour vos histoires ou vos objets ate BP 66614 29266 Brest cedex |