RESEAU & MAIL ART ONT CHANGÉ NOS VIES
Vingt années de Mail art à Mekka Minden
par Peter Netmail
(trad. Ph. Castellin)
Le mail art m’a contaminé via le poète Anglais David "Don" Jarvis, alors que nous étions tous les deux à la National Poetry Society, à Londres, pour y lire nos poèmes. Il s’employa pour la circonstance à me vendre quelques pages de messages de félicitations, en provenance du monde entier, à l’occasion du 90° anniversaire du "quercus robur“ (« chêne »en latin) qui se trouve en face de la photocopieuse installée dans son appartement. Le grand naïf que j’étais acheta donc ces photocopies pour une somme pharamineuse, supposée correspondre aux frais postaux. Et ce fut l’événement majeur de ma vie. Je me servis de la fascinante liste des participants jointe à la chose pour effectuer mon 1° Mail art « Pas de guerre dans ma ville », qui me valut en un coup de cueillere à pot plus de 400 contributions, la moitié ayant un rapport avec le thème, et l’autre, comme de juste, avec la seule intention de figurer dans le catalogue – Un livre illustré qui devint un « vrai » classique lié à la première exposition mail art produite dans la vieille église Saint-Jean, à Minden, en 1983. Il y avait alors déjà tout un tas d’artistes qui travaillaient en réseau, connectés par la poste, bien avant le web. Ces temps ci nous avons tous besoin de familles élargies. C’est un des avantages du Réseau. Aussi longtemps que je devrais travailler comme un salarié isolé au sein d’une société de masse, j’aurai une raison bien suffisante pour rejoindre une tribu du village global, celle du mail art et de ses utopies par exemple. Le Mail art est pour un moi un club plus select que le Rotary ou le Lions. Et plus créatif ; il a fait de moi un auteur, un éditeur et il m’a donné une famille.
Dès le premier jour et sans cesse il sa changé ma vie. Chaque fois qu’une nouvelle compétence était exigée, il fallait bien s’y mettre : et le réseau a fait de moi un éditeur, un archiviste tout autant qu’un mail artiste.
Bien des noms qui figuraient au dos d’une carte postale, dans
mes livres, débarquèrent ici, en chair et en os, avec oeuvres
(pas seulement du mail art) femmes et bagages . Dans notre galerie nous avons
tout l’espace pour présenter des travaux liés au mail
art . Le mail art a fait de moi un galeriste, en tant que vice président
de la société Culturelle Wolkerstein, hommage au
troubadour du même nom. A ce titre j’ai organisé près
de 60 mail art au café Prütt puis au centre culturel BUZ. Je ressens
le mail art comme une forme culturelle qui génère communication
et échange, avec le risque d’ouvrir votre maison aux personnes
bien vivantes qui se cachent deriière tous ces amusants pseudonymes
auxquels on a écrit pendant des années.Le réseau
a fait de moi un curateur, et un hôte. En 86 j’ai organisé
un marathon décentralisé de 10 jours dans notre lieu, à
Mindem. C’est dans des jours comme ça que le mail art
se transforme et acquiert une nouvelle dimension, quand on rencontre pour
de bon les ectoplasmes (créateurs!) bizarres dont les étranges
envois émerveillaient nos boites aux lettres depuis des années.
Le réseau a fait de moi un médiateur et un rassembleur.
Et dans les lieux dont ils disposent, les mail artistes
ont organisé des expositions personnelles de mes toiles à l’acrylique,
de mes gouaches et dessins et bien sûr de tous mes travaux mail art.
Au Danemark , en Hollande, en Corée, dans la viellle RDA, aux USA,
dans un café finlandais aux confins du cercle polaire et dans la galerie
du timbre d’artiste, à San Francisco... Le mail art a fait de
moi un artiste migrateur; il faut bouger pour comprendre, souvent; c’est
en allant en Argentine que j’ai compris le sens de la carte „
Pälomo vive“ envoyée par E.A Vigo pour mon premier livre
. Elle exprimait toute la douleur d’un père qui, bien que lui
même juge, ne put empêcher son propre fils de „disparaitre
mystérieusement“ au temps de la junte, père qui,
bien des années après continuait à vouloir croire que
quelque part Palomo était en vie. A propos de tout cela enfin, je commençais
à écrire des articles pour des magazines liés au mail
art, comme Smile. Et je me trouvai, très fréquemment en train
de taduire des articles ou des préfaces écrites par d’autrtes
mail artistes. Le réseau a fait de moi un reporter, un commentateur,
et un traducteur pollyglotte.
Bien entendu ces rencontres personnelles avec d’autres artistes du réseau débouchèrent sur d’autres formes collaborations. La plupart des enveloppes et des livres que j’ai réalisés avec Angela, à la main, chaque année depuis 88 sont enluminées avec des timbres d’artistes. Ils constituent une alternative individuelle aux timbrtes officiel et à tout ce que la poste néglige. Nous avons fait nos premiers timbres sur des étiquettes pour pots de confiture, un matériau d’excellente qualité: vierges, crénelées et autocollantes. A la même époque nous avoins été recensés dans le listing international des artistes créateurs de timbres dressé par Jas Felter. En 1987 j’ai invité des artistes du réseau à venir pour créer une „Galerie en Plein Air“ sur 100 grands panneaux publics, en bois, un peu partout dans Minden. Essayez un peu d’imaginer le trafic aux heurtes de pôinte et les voitrures en tyrain de défiler entre ces grands panneaux originaux en tous les sens du terme, occupant la place et la fonctioon des pubs pour Marlboro. Cvette affaire a changé pas mal d’habitudes visuelles dans ma ville. Le réseau a fait de moi une sorte de démiurge.
Le Réseau est aussi devenu pour moi l’occasion pour de
véritables exploits physiques. J’ai transporté à
travers la dateline des messages pacifistes écrits à la main
sur la peau de mon crâne rasé jusqu’à nos copains
mail artistes, au Canadada, et, en Finlande il m’a fallu traverser un
lac à la nage pour acheminer mon courrier; le mail art a fait de moi
un performer et un objet d’art. La pratique du mail art conduit aux
extrêmes. Le mail art le plus élevé a été
transporté à dos d’éléphant depuis l’Himalaya,
quand nous avons fait du tracking au Népal. Le mail art le plus profond
nous a, conduit au fond de la mer Rouge, en Égypte,. Tout au long de
l’année 92 nous avons agi déguisés en facteurs
avec des uniformes „historiques“ en distribuant à la main
plus de 200 kilos de mail art (d’où mon pseudonyme) sur tous
les continents. Ce projet nous avons valu un record enregistré dans
le Guiness book; La plupart es informations qui y figurent proviennet du plus
gros ouvrage que nous avons publié jusqu’à présent,
le journal de boprtd intitulé „’libre service postal personnalisé.
Depuis lors chaque année et à toutes fins utiles, un volume
réalisé à la main rassemble tous les documents liés
au mail art à Mekka Mindem et au delà, anthologie vivante et
livre des ressources, bourrés de timbres d’artistes originaux
et de tampons dans le plus pur style dada. Le mail art a fait de moi un facteur
et un champion du monde.
A Nairobi nous avons animé un atelier pour sculpter des tampons
avec des gosses de la rue, dans l’Institut Goethe, même chose
en Tanzanie avec des travailleurs handicapés et à travers l’Association
des Jeunes Artistes. A Djakarta nous avons édité notre premier
libre théorique „Dicussions autour du Réseau. Le Réseau
a fait de moi un globe trotter et un théoricien. Le Mail art n’est
pas quelque chose de quoi l’on vit, mais pourquoi. Aujourd’hui
je suis en mesure de trouver de l’argent pour le montage de projets
mail art, si je m’arrange pour y impliquer des partenaires locaux à
l’échelle de ma ville. J’ai eu à assimiler la difficile
leçon qu’il faut apprendre à coopérer avec les
bureaucrates culturels et avec le monde des affaires, si l’on veut que
le mail art puisse être partagé au delà de notre club,
comme une forme de l’art contemporain le plus ouvert. Le réseau
a fait de moi un collecteur indépendants de fonds.
Pour notre projet lié à la fin du 2° Millénaire,
en 2000, nous avons eu assez d’argent pour inviter un peu plus de 20
artistes du mail art à venir ici faire des performances et à
intervenir dans une espèce de grand collage collectif: ils peignirent
ensemble un timbre géant sur un mur, en liaison avec le projet Global
Mural de l’UNESCO. Ceci nous en mis en relation avec les 70 actions
murales du même genre exécutées dans le cadre du programme
(agenda 21), un peu partout dans le monde. Le réseau a fait de moi
un coordinateur local/global. Je ressens les magazines du réseau et
tous les autres media comme indispensables pour une diffusion large et peu
coûteuse de nos projets, de nos invitations et de nos documents. Et
je considère la mise à jour des archives concernant l’état
du mail art ou de nos démarches personnelles comme importante.
Le mail art a fait de moi un critique et un historien.
Je me suis servi 4 fois de ces archives pour écrire des hommages lors
de la mort d’ amis mail artistes. Maintenant je vois partout dans le
monde des artistes du réseau qui tentent de jouir de la vie, de l’art
et du plaisir qu’il y a à être ensemble; donnez leur
à manger correctement, un bon lit, un billet d’avion ou de train,
un lieu pour intervenir et vous aurez un grand festival, bourré
d’energie et d’idées, sans parler des souvenirs qu’ils
vous laisseront! - Ce qui, après tout, pour moi, veut dire une
parcelle de cette paix dont nos pères n’ont même pas osé
rêver dans le siècle qui précède, avec ses guerres
mondiales; Pour moi, ceci est une chance à saisir, puisque, historiquement,
un allemand en uniforme signifie un désatre en perspective. Le
nouveau millénaire a commencé pour moi par une sériede
festivals de performances. En Belgique j’ai réalisé une
pièce DADA en hommage à l’ancêtre du mail art, Kurt
Schwitters; habillé comme la langoureuse Petra. Sur l’ile coréeenne
de Jeju, nu, j’ai joué au violoncelle un requiem en hommage
aux victimes du World Trade Center. A l’ouverture de la biennale de
Venise j’ai fait une performance comme magicien. Le réseau
a fait de moi une performer.
Lors de la Documenta 11 j’ai distribué des centaines de cartes postales en guise d’inviations pour mon projet Mail Art appelé „Le facteur arrive à Marée basse“. Et plus tard j’ai transporté à marée basse les contributions qui m’étaient parvenues, à travers des marécages et des flaques d’eau saumâtre jusqu’à une petite île allemande (in)habitée par quelques milliers de mouettes , douze moutons, un cheval et un couple d’humains très amicaux, des garde-côtes qui furent absolument ravis qu’on leur apporte personnellement tous ces objets d’art. Dans ce projet, le local et le gobal se fondent, de même que se trouvent reliés 2 formes de l’art contemporaion, la performance et le mail art. La carte postale + le projet mail art + la performance + le livre: le réseau a fait de moi un artiste total, synesthésique;
Et il y a toujours et
de plus en plus de surprises qui m’attendent dans ma vie de mail artiste.
Prudence. Vous pourriez être contaminés. A votre tour de vous
débrouiller pour régler les frais d’envois. Vous êtes
avertis.