HAU

 

A PIER PAOLO PASOLINI

Pour le 25ème anniversaire de sa mort

Pourquoi l’art

pour dire ce qui nous enrage ?

Pourquoi ne hurlons-nous pas

ne détruisons-nous pas ?

Sommes-nous sans pouvoir,

condamnés aux rigueurs

d’un discours qui nous emmure 

ou sommes-nous déjà morts ?

Ce qu’une bande de criminels

n’avait pas réussi à faire de nos pères

le Règne de la Marchandise

l’a-t-il fait de nous à la longue ?

Complices du fascisme industriel

Telle n’est pas notre parole.

Nous avançons à tâtons

(peut-être même à reculons)

dans la forme perdue d’une Ville.

En restant distants de notre révolte

contre ceux qui défigurent le monde

nous honorons notre vision.

Cette parole est traduite d’une autre langue.

Red blues in disguise.

D’une voix emmurée nous créons nos semblables,

nos frères introuvables

- dans le futur.

2 novembre 2000

 

 

 

 

 

DANS LE SAC DU LOUP

 

Quand tu commences à penser aux Indiens

c'est que ça va mal

très mal

cerné par les forces gouvernementales

fonctionnaires partout

lutte des classes out

guerres normal

Alors tu te soûles

l'âme a mal

oh mal

maux innommables

quand tu broies du rouge

tu vois tout flou

c'est comme être fou

reste l'âme loose

am I a loser ?

Âme sœur de louve

où sont mes loups ?

 

 

 

TOURIST TRAP

Du lit du torrent

où le courant est faste

fast poetry

un rien t'écarte

& le chemin s'efface

tu ne sais plus ce que tu vis

Le désir, la colère,

la prétention

- et sa dérision qui lui

colle aux fesses, l'envie -

tôt ou tard t'attrapent

Tourist trap

L'état ordinaire

n'a rien à dire

ça veut, ça pleure, ça jouit

c'est baby

Breloque d'amnésie

 

 

 

HAU DE NOS AÎNéS

Héros-limite

Le chemin qui mène à vous

Marque un pas de la mémoire

Vers ses demeures d’évidence

Retour incessant du futur

Où le silence est scellé

Sur le destin des vaincus

Hantise des hommes pâles

Rite des tribus

A Gérald Suberville

Ex-Commandant Janvier, FFI

 

 

 

 

 

QUANT AUX TRAITRES

Les Indiens se battront jusqu'au dernier pour leur terre.

Les poètes mènent le dernier combat sur la terre -

celui où les hommes n'ont plus de terre.

Marque la limite -

Au-delà, tu ne peux plus avancer sans te battre

sinon tu passes à l'ennemi.

Avant-garde

fais-moi pas marrer !

 

 

TAS D’ESPRITS

En chemin

il a perdu

le mot

on le scanne

il l’a perdu

comme ça

en chemin

il dit

on l’a scalpé

comme une volaille

le bobard.

Jean Monod