PRINTEMPS DES BOMBES

& Karl Marx assis à la terrasse du Némésis à Nîmes

mangeait tout en observant les passants sa pizza

songeant tout va de mal en pis (car assis

il assimilait le prolétariat à ses furoncles)

mais un livre peut changer la face du monde

pourvu que ce soit une fiction

et même quand tout sera détruit en fin de comptes

un poète se souviendra de moi dans un autre monde

où il n’y aura plus ni prolétariat ni bourgeoisie

seulement une immense masse laborieuse

et le quotidien dans son insignifiance heureuse

tournée en spectacle ­ comme si je n’avais rien écrit!

sous la menace ­ qui fera son prix ­ des bombes…

 

A Pier Paolo Pasolini

Pour le 25ème " A " de son assassinat

Pourquoi l’art

pour dire ce qui nous enrage ?

Pourquoi ne hurlons-nous pas

ne détruisons-nous pas ?

Sommes-nous sans pouvoir

condamnés aux formes

d’un discours qui nous emmure 

ou sommes-nous déjà morts ?

Ce qu’une bande de criminels

n’avait pas réussi à faire de nos pères

le Règne de la Marchandise

l’a-t-il fait de nous à la longue ? 

Complices du fascisme industriel…

Telle n’est pas notre parole.

Nous avançons à tâtons

(peut-être même à reculons)

dans l’esprit perdu d’une civilisation.

En restant distants de notre révolte

contre ceux qui défigurent le monde

nous honorons notre vision.

Cette parole est traduite d’une autre langue.

Red blues in disguise

D’une voix emmurée nous créons nos semblables

nos frères introuvables

- dans le futur.

2 novembre 2000

 

PRINTEMPS DES POETES

 

Ce n’est pas par hasard si le " Printemps des Poètes " et les bombardements en Yougoslavie ont commencé il y a deux ans le même jour : camouflet aux poètes tombés dans le piège en 1999, le 23 MARS leur est aujourd’hui accroché comme un bonnet d’âne, un boulet d’amnésie.

Désormais, en France, la poésie au printemps est étatique. Cet encadrement non sollicité parviendra-t-il à dissoudre les voix insoumises dans la mêlée des joyeusetés innocentes et des managements complices ?

Délire !

Lire c’est lire.
Dire c’est dire.

C’est ce que je ferai le 31 mars

aux Rencontres poétiques Franco-Arabes

sans papier

avec mes quipus

 

 

Délirer c’est renverser la lecture, remonter le fil de l’écriture jusqu’au nœud d’avant la coupure de la corde qui nous lie à l’origine de tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean Monod