DOC(K)S / ALIRE / INFORMATIQUE : Lettre à Libération

 

 

Le numéro DOCKS/ALIRE consacré à la poésie électronique et doublé d'un CD Rom a été publié en octobre 97. Après beaucoup d'insistance de notre part, un quart de colonne dans Libération a consenti à en faire état en Décembre . En Juin 98, ouvrant le même quotidien et le même cahier voici que nous tombons sur une double page consacré à la future parution d'un CD Rom de poésie, l'affaire étant présentée comme une révolution destinée à faire date...Certains matins il vaut mieux ne pas lire le journal...

 

« Nous prenons connaissance avec étonnement de l'article consacré par les responsables du cahier multimedia de Libération à la «future» parution (chez Gallimard croyons-nous) d'un CD Rom de poésie et littérature électroniques, présenté comme une remarquable première, dont «tout le monde parle» «avant même que la chose ne soit publiée», plaisante formule journalistique... Ayant de plus, au printemps 98, remarqué la publication d'un article de même nature dans un magazine voué à l'informatique nous ne pouvons nous empêcher d'imaginer que cette abondance d'information (à propos d'un objet au caractère pleinement «virtuel»...) ressemble furieusement à une campagne de marketing professionnellement orchestrée. Bien que nous attendant à d'autres pratiques de la part de Libération, nous ne nous arrêterions guère à tout cela, s'il ne se trouvait que le dernier numéro de la revue DOC(K)S, réalisé en collaboration avec Alire (qui depuis une décennie explore le domaine de la poésie électronique) n'était constitué de 300 pages exclusivement consacrées aux rapports de la poésie et de l'informatique et ne se doublait d'un CD-Rom contenant une bonne centaine d'animations, générateurs de textes, travaux multimedia etc., en provenance de tous les pays et signés par des poètes qui, depuis longtemps déjà, ont développé ce type de pratiques ( De Campos, Kac, Doctorovich, J. Donguy, T. Papp, Akenaton, Cayley, Ph. Bootz, JP. Balpe, Petchanatz etc.). Quelques lignes ont d'ailleurs succinctement annoncé la publication (Octobre 97) de ce numéro dans le même cahier multimedia de Libération (Décembre 97), briéveté que nous aurions bien admise si nous ne la pouvions et devions comparer avec l'emphase actuellement dépensée à propos d' un objet toujours en gestation. N'en déplaise à Gallimard, le fait est qu'ils ne peuvent, malgré les moyens qui sont incomparablement les leurs, que postuler en la matière au titre de bons seconds. Vous nous direz que ceci est assez secondaire: et soit, à condition que la volonté des uns de paraître en «pole position» ne conduise à occulter totalement la pré-existence des autres; ce qui est le cas, l'article visé ne faisant nulle part référence à Alire/DOC(K)S ou à son CD, alors même qu'il aborde - non sans diverses erreurs techniques ou historiques - des points qui sont développés par l'ensemble des textes présents dans un numéro qui n'a rien de clandestin, puisqu'il vient d'être présenté successivement à la Galerie J. Donguy, au Centre Georges Pompidou (dans le cadre de la Revue Parlée de Marianne Alphand) et qu'il figure d'ores et déjà dans de multiples sites web. Quant à nous prononcer sur les mérites «poétiques» comparés de deux objets dont l'un seulement est édité, vous comprendrez notre scrupule. En tout cas est-il bien clair qu'il ne s'agit pas dans le CD DOC(K)S-Alire de traduire et actualiser «informatiquement» les oeuvres des uns ou des autres, mais seulement de travaux poétiques contemporains.

Mais basta ! - Si des lecteurs de Libération voulaient - et dès aujourd'hui- en savoir concrétement plus sur ce qu'est un générateur de textes, un poème hypertexte,sur l'aléatoire, sur l'interactivité, sur la possibilité de détourner poétiquement des jeux électroniques, nous nous contenterions de les renvoyer à DOC(K)S-Alire et à son CD: AKENATON-DOC(K)S, 12 Cours Grandval, F. 20 000 Ajaccio. L'ouvrage est disponible. Et il contient nombre d'objets qui permettront aux mêmes lecteurs de cesser de rêver à la fabuleuse «possibilité» qu'évoque Paul Braffort «d'élargir les recherches en mêlant images sons et textes»:

«tiens dit-il en ouvrant les rideaux, les voilà».

Vous remerciant par avance, nous espérons* que vous trouverez l'espace, dans un prochain cahier, pour publier au titre du courrier des lecteurs ces quelques mots, dictés par le sentiment d'une certaine injustice, et la ferme volonté de poursuivre, à notre modeste échelle, quitte à froisser les intérêts de l'industrie éditoriale française.

 

 

Akenaton, Philippe Castellin, Jean Torregrosa, poètes ,directeurs de publication de la revue DOC(K)S ,Philippe Bootz,poète, directeur de publication d'Alire, revue de poésie électronique Jacques Donguy,poète, Université Paris I St Charles, directeur de la Galerie d'art contemporain Donguy & Donguy, Paris.

 

<<